Sari, 2015-2018

“En fait, la force singulière qui émane de « Sari » vient justement de cette dialectique sans cesse à l’œuvre dans les images, entre grâce innocente et menace, pureté et impureté, promesse de vie et mort sous-jacente. Ainsi la chasse, qui est comme le fil conducteur de la série, trouve-t-elle son aboutissement dans une carcasse de sanglier percée d’une balle, autour de laquelle, déjà, s’affairent les guêpes. Le cadavre est là, rouge et blafard, suintant de glaire et de sang : réminiscence du « Bœuf écorché » de Rembrandt, bien sûr, mais aussi et surtout des lourdes chairs peintes par Lucian Freud, à la fois épaisses et translucides, blanchâtres, dont sourdent les veines bleutées.

Mais, comme un écho de vie au sanglier mort et dépecé, d’autres images se regardent comme des promesses d’Eden : la petite église traversée par un arc-en-ciel, le soleil rougeoyant du soir, et ces pierres empilées comme des cairns bretons, qui dessinent leurs silhouettes anthropomorphiques sur les déclinaisons pastellisées d’un ciel de traîne.

Entre Genèse et cadavre, les corps libres des enfants s’ébattent, jouent et réinventent, peut-être, l’Eden perdu.”

Dominique Baqué, historienne de la photographie
Extrait de Tous le soirs du Monde, préface de “Sari”, 2017

Tirages Inkjet Epson Luster 270gr
90 cm x 90 cm, édition de 3 + 2 EA
50 cm x 50 cm, édition de 5 + 2 EA

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